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Hydrogène: une méga-usine symbole des espoirs de l'automobile
information fournie par Boursorama avec AFP 06/12/2023 à 08:19

Une nouvelle usine de piles à hydrogène, inaugurée mardi près de Lyon par Symbio, représente les espoirs de l'industrie et du gouvernement français dans cette technologie encore balbutiante.

Un pneu Michelin le 3 avril 2014 à Boulogne-Billancourt.  ( AFP / FRANCK FIFE )

Un pneu Michelin le 3 avril 2014 à Boulogne-Billancourt. ( AFP / FRANCK FIFE )

Symbio rassemble le pneumaticien Michelin, l'équipementier automobile Forvia et le constructeur Stellantis . Pour ces trois géants de l'industrie française, l'hydrogène a un rôle à jouer dans l'automobile à horizon 2030.

Pour équiper des utilitaires, des bus ou encore des pick-up, l'usine devrait produire 15.000 systèmes à hydrogène en 2024, puis monter à 50.000 par an d'ici 2026.

Une pile à hydrogène est constituée de plaques et membranes dans lesquelles a lieu une réaction électrochimique produisant de l'électricité, ainsi que de la chaleur et de l'eau.

Sur le papier, l'hydrogène a beaucoup d'avantages pour les utilitaires: une recharge rapide; un système plus léger et compact que celui des voitures électriques, qui occupe donc moins de charge utile; une bonne autonomie et de la vapeur d'eau à l'échappement.

Elle a aussi des inconvénients: pour que l'extraction d'hydrogène soit rentable, il faut une énergie très peu chère et en grande quantité; les infrastructures de transport du gaz, comme les stations de distribution, doivent être déployées.

- Subventions -

Avec 700 salariés, cette usine appelée "SymphonHy", située dans la zone industrielle de Saint-Fons (Rhône), est la plus grosse usine de piles à combustible d'Europe.

L’État français mise beaucoup sur l'hydrogène et accompagne cette SymphonHy à hauteur de 600 millions d'euros, dans le cadre d'un plan européen de subventions.

"La transition énergétique et écologique arrive maintenant", s'est félicitée lors de l'inauguration Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique. "C'est bon pour l'emploi, c'est bon pour la planète et pour notre souveraineté: ces solutions vont remplacer du carburant que l'on importe du reste du monde".

Les systèmes à hydrogène demandent aussi moins de métaux stratégiques, comme le cobalt, que les voitures électriques.

Le soutien public important à cette industrie naissante, de neuf milliards d'euros jusqu'en 2030, doit permettre de "sécuriser sur dix ans un prix de l’hydrogène décarboné compétitif avec l’hydrogène fossile", a lancé la ministre, soit à 5-6 euros le kilogramme, contre plus de 10 euros actuellement.

Stellantis, leader des utilitaires en Europe, compte sur ce soutien: le constructeur a livré fin 2021 des premiers véhicules équipés de systèmes hydrogène, assemblés en Allemagne. Seul Toyota avait autant investi dans cette technologie jusqu'ici.

Une camionnette Opel empotre par exemple 4,4 kg d'hydrogène pour 400 kilomètres d'autonomie. Son tarif dépasse encore pour le moment 100.000 euros à l'achat, avec une offre de location à 400 euros par mois. Elle vise notamment les flottes qui font des tournées et rentrent à la base le soir pour recharger.

Le constructeur compte faire baisser ce tarif avec sa nouvelle gamme d'utilitaires Peugeot, Opel et Citroën à hydrogène, qui doivent être assemblés à Hordain (Nord).

- Pick-up Ram -

Cette phase de lancement devra être soutenue par les États européens pour réussir, a prévenu le directeur général de Stellantis Carlos Tavares: "pour les cinq prochaines années, nous allons avoir besoin d'un soutien à l'achat" d'au moins 30.000 euros par véhicule, a-t-il souligné lors d'une conférence de presse à l'issue de la visite de l'usine.

Selon le patron de Forvia Patrick Koller, le système hydrogène sera moins cher que la batterie électrique à horizon 2030.

Forvia fournit aussi depuis 2022 Hyvia (une coentreprise de Renault avec le spécialiste américain Plug Power), qui compte monter en puissance en 2025 avec le nouveau Renault Master.

Dans le cadre de sa stratégie à un milliard d'euros, Symbio va aussi ouvrir début 2024 une usine en Alsace pour fabriquer des plaques bipolaires, un élément essentiel des piles à combustible, et envisage une deuxième méga-usine en France en 2028.

Symbio prévoit également de construire une méga-usine en Californie, pour fournir le marché américain des utilitaires et des poids lourds, soutenu par un prix de l'hydrogène très bas.

Les marques de Stellantis comme Ram comptent en profiter pour faire passer leurs gros pick-up diesel à l'hydrogène à partir de 2026-2027. Les voitures particulières pourraient y passer dans un second temps, a souligné M. Tavares.

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